Actas del Primer Congreso Nacional de Filosofía
 
Mendoza, Argentina 1949

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Robert Aron, Présence de la philosophie | Mendoza 1949

Robert Aron

Présence de la philosophie

Actas del Primer Congreso Nacional de Filosofía (Mendoza 1949), Universidad Nacional de Cuyo, Buenos Aires 1950, tomo II, págs. 873-877.
(Sesiones: II. Situación actual de la filosofía.)

Au milieu d'une assemblée si nombreuse et si représentative de la philosophie contemporaine, il y a sans doute quelque paradoxe à poser, comme question préalable, celle de la présence de la philosophie. Pourtant il n'est peut-être pas superflu de le faire. Si l'on n'envisage pas la philosophie comme une discipline solitaire et se suffisant à elle-même, héritière des ombres de la caverne de Platon, mais si on la rattache au contraire dans ses origines aux ébranlements subis à chaque époque par l'esprit humain, dans ses conséquences au besoin qu'éprouvent les hommes de mieux dominer leurs épreuves et, si possible, d'y remédier –si la philosophie n'est pas simplement une sorte d'épiphénomène gratuit et abstrait s'ajoutant aux événements intérieurs et extérieurs qui affectent les consciences humaines et qui, selon les cas, favorisent ou empêchent notre salut– il est essentiel de préciser selon quelles modalités elle peut affirmer sa présence, dans un monde qui en est à la fois imbibé et dépourvu.
Nul temps plus que le nôtre ne semble, à premiére vue, imbibé de philosophie. Vie pratique, vie politique, vie religieuse sont presque à chaque instant déterminées par les conséquences actuelles de philosophies antérieures.
Dans la vie pratique, les règles de la méthode cartésienne agissant à trois siècles de distance, ont déterminé les cadres dans lesquels s'inscrivent nos existences; qu'il s'agisse de l'industrie, de l'urbanisme, des mécanismes financiers auxquels nous sommes soumis –qu'il s'agisse de nos moyens de transport, de notre hygiène, de notre santé, la rationalisation, héritière du cartésianisme, prolonge jusqu'à nous les résultats de l'effort de découverte effectué par le philosophe masqué, sans pour autant nous faire participer, hélas! à la joie créatrice, à l'extase libératrice qui précédèrent ses inventions. Du cartésianisme nous ne gardons plus aujourd'hui que le résidu technique: mais il s'est insinué partout et conditionne tous nos actes.

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Mendoza, Argentina 1949
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